Dix Palmes d’Or qui ont marqué le Festival de Cannes

La remise de la Palme d'Or conclut non seulement chaque année le Festival de Cannes mais reste aussi un moment fort à partir duquel un film verra son destin bouleversé par la récompense. Sous le Soleil de Satan hué par le public, Terrence Malick en grand absent ou encore Quentin Tarantino et son doigt d'honneur, retour sur dix Palmes d'Or qui ont marqué à jamais le Festival de leurs empreintes.


- Jamais 10 sans 11

L'année 1946 marque avant tout la naissance du Festival de Cannes (après une édition en 1939 stoppée à cause du début de la guerre) mais cette première édition restera aussi celle du plus grand nombre de récompensés : 11 films se partagent le Grand Prix (ancienne distinction remplacée depuis par la Palme d'Or), parmi lesquels Le Poison de Billy Wilder et Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini. Rien que ça !

- Une vie pas si tranquille

Comme beaucoup d'autres le film La Dolce vita, primé en 1960, fait partie des oeuvres largement huées par le public cannois lors du Festival de Cannes. Le plus surprenant reste que le film de Federico Fellini sera sévèrement critiqué et condamné par le Vatican. Ce qui ne l'empêchera évidemment pas de connaître le succès.

- Bah où ils sont ?

L'année 68 n'aura pas primé un film hué, qui a créé la polémique ou au contraire apprécié de tous. Cette année là a marqué l'histoire en voyant tout simplement le Festival suspendu à la suite des célèbres événements de 1968. La reprise n'aura pas lieu et la Palme d'Or ne sera pas non plus remise. C'est à regretter d'avoir été nommé !

- La confirmation d'un grand réalisateur

Le film Apocalypse Now, du réalisateur américain Francis Ford Coppola, a lui aussi marqué le public cannois du Festival de Cannes de 1979. Le film, devenu un classique, est aujourd'hui classé parmi les plus grands films de l'histoire du cinéma. L'honneur était tout de même partagé puisque la Palme fut également décernée, ex aequo, à Volker Schlöndorff pour son film Le Tambour.

- « Je ne vous aime pas non plus ! »

La remise de la Palme à Maurice Pialat en 1987, pour son film Sous le soleil de Satan, restera probablement l'un des moments les plus forts depuis la création du Festival. Hué par le public, le réalisateur répondra par une réplique aujourd'hui devenue culte. "Sachez que si vous ne m'aimez pas, je ne vous aime pas non plus !"

- Une femme parmi les hommes

Si la Palme d'Or remise en 1993 à la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion se démarque de ses prédécesseurs (et jusqu'à aujourd'hui, successeurs), c'est avant tout parce qu'elle est la première et seule femme à avoir reçu le plus haut prix de l'histoire du Festival de Cannes. Et cela encore au moins pour un an puisqu'aucune femme n'a été retenue en compétition officielle cette année.

- Tu l'as vu mon doigt ?

La remise de la Palme d'Or au film Pulp Fiction en 1994 restera sans aucun doute un moment marquant pour le réalisateur américain Quentin Tarantino qui, hué par un spectateur vociférant « Tarantino is shit, Kieslowski, Kieslowski », n'hésitera pas à répondre par d'un doigt d'honneur mémorable. Pas sûr que ça ait fait changer d'avis le spectateur qui lui préférait le réalisateur polonais.

- La politique s'invite au Festival

L'année 2004 marquera un tournant dans l'histoire du Festival de Cannes. En présentant le documentaire Farenheit 9/11, Michael Moore revient, trois ans seulement après les événements du 11 septembre 2001, avec un film palmé qui prouve que le cinéma à Cannes n'a plus vertu qu'à être un simple divertissement. Il peut aussi être politique, engagé, et même clairement à charge contre un Président des Etats-Unis (George W. Bush en l'occurrence).

- Pas peu fier d'être français !

On ne l'espérait plus ! Avec la remise de la Palme d'Or à son film Entre les murs en 2008, le réalisateur Laurent Cantet permet au cinéma français de se distinguer 21 ans après la dernière Palme qui avait récompensé le controversé Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat. Une victoire que les jeunes acteurs, des collégiens, n'ont pas hésité à aller célébrer sur scène.

- L'homme invisible

Entre huées et applaudissements, le film The Tree of Life a lui aussi divisé le public. Mais si la Palme d'Or 2011 décernée au film a pu marquer le Festival, c'est aussi par l'absence de son réalisateur Terrence Malick lors de la cérémonie de clôture. Comme mentionné dans ses contrats, l'américain ne souhaite en effet jamais avoir à être vu. Certains disent néanmoins l'avoir vu fureter dans le Grand Palais, pour serrer la main de son acteur Brad Pitt, avant de disparaître.

Quelle soit donc polémique, politique, émouvante ou même absente, la Palme d'Or ne manquera pas d'être encore longtemps convoitée par les réalisateurs du monde entier. Les nouveaux nommés, Nichols, Cronenberg ou Audiard réussiront-ils a intégrer, dès cette année, la liste des Palmes les plus emblématiques ?